Inspiration

 

Au printemps 2012 il y a eu la crise étudiante. Pendant ce temps je menais une bonne vie tranquille et peu excitante.

Je me rappelle que ce printemps là il faisait très chaud pour un mois de mars.

Et voilà que les étudiants descendirent dans la rue. Que veulent-ils? Me disa-s-je. Pourquoi nous emmerdent-ils de la sorte. Qu’ils aillent … étudier au lieu de faire chier le monde….

Je vous épargne la suite.

Plus je lisais certains chroniqueurs, plus mon opinion antigrève étudiante s’intensifiait. Je les traitais de tous les noms à qui veut l’entendre. Un jour, ils nous ont même empêché de rentrer au travail. Certains se sont fâchés : « Bande de bébé gâtés… », « Ils veulent la gratuité. Ben voyons! Un chausson avec ça!? »

Au même temps, Le gouvernement, Jean-Charest, promettais certaines mesures et une augmentation de la bourse et des prêts pour ceux qui en avaient besoin. Dans ma tête « Qu’est-ce qu’ils veulent de plus? La gratuité pour les riches? Pas question ».

Plus le temps passait et plus mon opinion devenait … pas claire. C’est plutôt le contraire qui devait se produire. Mais non. J’avais une opinion « Contre la grève » et ensuite j’avais une « Pas d’opinion ». Je ne savais pas trop. Trop de messages contradictoires. Du bon et du pas bon de chaque côté.

Jean Charest et ses ministres campaient sur leurs positions et ils se moquait ouvertement des étudiants en disant vouloir les envoyer dans le grand nord. Il avait de l’humour ce Jean Charest. J’avoue (et j’en ai un peu honte aujourd’hui) qu’il m’avait fait bien rire. À ce mépris affiché, les autres pauvres étudiants répliquaient que la démocratie n’était pas juste de voter une fois tous les 4 ans. En fait, ils avaient repris une expression que Jean-Charest lui-même avait dite quelques années auparavant. Là, c’était un 1er tournant. Ça a sonné comme la cloche du matin que tu veux pas entendre et que tu éteins tous de suite. Ce Charest que j’aimais bien, était en train de nous raconter des salades. C’était évident bien sûr. Mais je refusais de le voir et encore moins de le croire. Moi qui étais aveuglément libéral. Le parti qui nous protégeait des séparatiss et des extremiss ne pouvait pas faire ça. Ne pouvait pas nous f.. entourlouper. Mais ça a quand même eu l’effet de me faire tendre l’oreille aux représentants des étudiants. Pas tous. Attention!! Pas question d’écouter Martine Desjardins, qui me tapait sur les nerfs pour je ne sais quelle raison, et encore moins Gabriel Nadeau-Dubois l’apprenti Marxiste. J’ai écouté Léo Bureau-Blouin cependant. Le plus modéré des 3. Il était propre, parlait bien et on sentait qu’il y avait moyen de négocier avec lui. Mais pas avec les 2 autres radicaux.

Pendant ce temps, Pauline Marois commençait à jouer de la casserole. 1er reflexe : « récupération politique». L’histoire nous dira après que c’était vrai. Elle n’était pas sincère. Elle voulait juste se montrer du côté du plus fort du moment. Il y avait des élections à venir et elle a sauté sur l’occasion pour avoir des gains politiques. Bien trouvé pour certains. Moi j’ai trouvé ça répugnant. Et ça l’était.

Ça n’empêche qu’elle n’était pas la seule à jouer à ce jeu-là. Les libéraux étaient eux aussi pro dans la matière. Et moi comme un bon mouton, j’écoutais ce qu’ils disaient. Ai-je dit « Mouton » en parlant de moi-même? Oui oui je le l’étais. Et pourtant personne ne le croirait. J’ai toujours eu l’esprit critique, grande gueule aussi. Mouton alors? Oui bien sûr. Rien n’empêche l’autre. J’étais un mouton éduqué qui suivait une autre horde de moutons éduqués qui avaient des principes qui ressemblaient aux principes affichés des libéraux. L’odeur était irrésistible et je la suivais. Je ne vais pas faire long. Ça s’appelle tout simplement le biais de confirmation et c’est l’un des principaux commandements du moutonisme (J’ai le goût d’écrire un livre là-dessus. D’autres l’ont sûrement fait avant moi)

Tout le monde peut tomber là-dedans. Avoir l’esprit critique est important dans ces cas-là. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut être intéressé, s’informer, s’engager même. Autrement, on est une proie facile à tous ceux qui veulent… notre voix puis notre silence bien docile.

Ce n’est pas un mouvement révolutionnaire que je veux créer. Je suis loin d’avoir cette prétention. C’est une sonnette d’alarme et une tribune pour encourager les citoyens à s’informer adéquatement, s’exprimer et pourquoi pas s’engager pour un monde un peu plus propre, un peu plus beau et un peu plus juste

Dans mon cheminement, certains m’ont inspiré. La majorité sont français (j’avais le goût de dire « malheureusement ») et quelques Québécois (Francis Dupuis-Déri, Boucar Diouf, Patrick Lagacé, Québec Solidaire (même si je n’ai pas encore voté pour eux). Ils m’ont tous donné foi en l’humanité et on mis en évidence le meilleur d’entre nous.  Ça m’arrive encore de sortir d’un ton condescendant en parlant de ceux à qui je veux donner la parole « hey les gros caves qui appuient… (auto-censure volontaire et assumée) ». Mais ça ne m’empêche pas d’avancer. C’est peut-être moi l’étroit d’esprit.

Ce matin j’ai lu sur l’anarchisme. Pas le Chaos et le désordre. Le vrai anarchisme qui veut dire « absence d’autorité » et que les gens sont capables de s’autogérer, s’autoréguler, s’autogouverner, partager leur richesse, les outils de travail, etc… et pas besoin d’autorité qui brime nos libertés. Vous pouvez en lire sur Pierre-Joseph Proudhon qui vous en diras plus et mieux que moi. Francis Dupuis-Déri a écrit un livre avec son père qui parle de ça. Il vous en parlera mieux que moi. Je vous partage ma position tout de suite : j’aime bien ces personnages brillants et pleins de bonnes intentions et qui qui croient très fort à la puissance et à la bienveillance de l’humanisme. Quand je les lis j’ai envie de les croire. Mais j’ai de la misère de retomber dans le biais de confirmation, même pour les principes les plus nobles. Je continue à penser qu’il y a du bon et du moins bon dans chacun d’entre nous. Mais je n’irai pas dans les extrêmes. Dans ce cas je n’irai pas jusqu’à l’utopisme. En revanche, je continue à croire, et j’espère que vous aussi, qu’on est capable de sortir le meilleur de nous même (trop utopiste peut-être?) pour prendre notre destinée en main (oh peuple de saint-bruno, réveillez-vous de cette apathie! Engagez-vous! Protégez vos acquis! Pensez aux générations futures, à vos enfants! … )

Non je n’embarque pas là-dedans. Ici, on veut seulement un monde un peu plus propre, un peu plus beau et un peu plus juste. Telle est notre ambition. Et pour ça on va essayer de:

  • S’informer
  • Avoir un esprit critique
  • Parler
  • S’engager
  • Ne pas se laisser faire

Voici pourquoi nous créons cette tribune